Dominant un quartier épiscopal, malmené par les siècles qui n’ont épargné ni les maisons canoniales, ni l’entrelac de ruelles médiévales, ni les murailles protectrices héritées des premiers siècles de notre ère, la silhouette de Saint-Pierre de Beauvais, géant protecteur qui surplombe de son ombre l’ancien palais épiscopal (aujourd’hui devenu le MUDO-musée de l’Oise), l’antique cathédrale carolingienne Notre-Dame de la Basse-Œuvre, et le très contemporain Quadrilatère, émerge familièrement dans le paysage urbain de Beauvais. Familièrement en ce qu’elle fait partie du quotidien des Beauvaisiens qui, pour beaucoup, ne la voit, parfois, plus et, pour beaucoup plus encore, ignorent absolument son histoire. Et pourtant …

Depuis bientôt 8 siècles que sa construction a commencé, que de péripéties, que d’aventures, que de paris fous relevés haut la main et que d’échecs retentissants qui ont façonnés la physionomie actuelle de la plus haute cathédrale de tous les temps…

Qui, parmi ceux qui se réfugient à l’abri de son ombre tutélaire, sait l’ambitieux élan de sa construction qui prétendait accrocher ses voûtes à des hauteurs célestes ?

Qui pour se rappeler de ce funeste soir de novembre 1284 qui vit s’effondrer une partie de ces voûtes qui faisaient l’orgueil de l’évêque au XIIIè s. ? 

Qui se souvient qu’il fallut attendre deux siècles avant que ne reprennent les travaux avec la construction du transept ? 

Qui a en mémoire la prodigieuse flèche élevée à près de 150 mètres de haut sur la croisée du transept qu’un coup de vent abattit 4 ans après son érection ? 

Qui, enfin, comprend que ces vicissitudes ayant eu raison des ambitions des évêques de Beauvais (et de leurs chanoines) la modeste église antique de la Basse-Œuvre a survécu dans le périmètre sur lequel devait s’élever l’inévitablement prodigieuse construction de la nef ? 

C’est cette histoire, grande comme petite, édifiante comme mesquine, qu’entendent célébrer la ville de Beauvais et l’agglomération du Beauvaisis, en partenariat avec le ministère de la Culture et la Direction régionale des affaires culturelles, la région des Hauts-de-France, le département de l’Oise, à l’occasion des 800 ans du début de la construction de la cathédrale gothique Saint-Pierre.

Calixte de Nigremont,

Directeur artistique des 800 ans de la cathédrale Saint-Pierre de Beauvais