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800 ans de splendeur
UN ÉCRIN DE PIERRE ET DE VERRE
Dès le milieu du XIIe siècle, les innovations techniques renouvellent les concepts architecturaux. La voûte sur croisée* d’ogives, combinée à l’arc-boutant*, offre la possibilité d’édifier des églises plus lumineuses et beaucoup plus hautes tout en allégeant leur structure. Les bâtisseurs utilisent aussi des tirants en fer qui relient les naissances des voûtes ou les arcs-boutants* entre eux afin de les maintenir. On emploie également le fer pour renforcer les ogives* ou les fenêtres, voire même pour ceinturer certaines parties d’un édifice. Suivant l’exemple de la célèbre abbaye de Saint-Denis, berceau de l’art gothique, la Picardie connaît alors un formidable renouveau architectural que stimule un contexte économique favorable.
Symbole identitaire de la cité, la cathédrale du XIIIe siècle est emblématique de la renaissance urbaine. On s’y presse autant pour prier que pour négocier ou même bavarder. Difficile d’imaginer aujourd’hui l’animation qui y régnait ! Ainsi lorsqu’en 1225 la Basse-Œuvre est endommagée par un incendie, Milon de Nanteuil, comte-évêque de Beauvais, saisit l’occasion pour entreprendre l’édification d’une nouvelle cathédrale qui surpasserait toutes les autres.
LE CHŒUR GOTHIQUE LE PLUS HAUT DU MONDE
La Haute-Œuvre B est vraisemblablement bâtie d’après les plans d’un maître-maçon parisien. La partie inférieure du chœur est construite entre 1225 et 1232. Son étage inférieur comprenant les grandes arcades du vaisseau central, le déambulatoire* B1 et les chapelles rayonnantes* B2 à B8 est édifié, quant à lui, de 1240 à 1250. En effet, d’incessantes querelles
opposant tour à tour le roi, l’évêque et la Commune, et un manque de fonds récurrent, ralentissent, quand elles ne l’interrompent pas, le chantier qui dure près de 50 ans. D’où les changements apportés au plan initial au
cours de sa réalisation. Ainsi les parties hautes, datées entre 1250 et 1260, sont plus élevées que prévues. Combinaison harmonieuse de verre
et de pierre l’édifice, dédié à saint Pierre, est consacré en 1272. Visible à des lieux à la ronde, il atteint une hauteur de voûte jamais égalée de
48 m. En novembre 1284, les parties hautes du chœur s’effondrent. L’ampleur des dégâts est à relativiser comme en témoigne le peu de
dommages subis par la charpente qui a résisté. D’ailleurs une grande partie de cet immense vaisseau de bois, que de récentes analyses datent
de 1257, est d’origine. La hauteur prodigieuse du chœur étant considérée comme un facteur d’instabilité, les restaurateurs du Moyen Âge s’attachèrent à le consolider en lui ajoutant, notamment, des piliers et en reconstruisant l’essentiel de ses parties hautes. Les réparations,
achevées vers 1340, ont radicalement transformé l’aspect original du monument en réduisant, par sécurité, les larges ouvertures qui lui donnaient cette ampleur spatiale spectaculaire. Puis la guerre de Cent ans, suivie de nombreux troubles, paralyse l’activité économique, stoppant du même coup la construction de la cathédrale.
LE TRANSEPT DE MARTIN CHAMBIGES
En 1500, le chapitre des chanoines relance les travaux amorcés à la fin du XIIIe siècle C et les confie au célèbre maître d’œuvre parisien Martin
Chambiges. Il est non seulement chargé de réaliser un transept E et de doter la cathédrale d’une entrée monumentale E2 mais aussi de stabiliser le chœur. Il s’attelle donc à sa restauration tout en édifiant un transept conçu de façon à le contrebuter efficacement. Les portails et les parties basses du transept sont achevés vers 1520. L’épaisseur des murs des parties hautes, construites entre 1520 et 1540, s’amenuise au fur et à mesure de leur élévation. Pour ne pas fragiliser l’édifice, les travées* extrêmes de chaque bras ne comportent aucune ouverture. La structure architecturale interne du transept est soignée, particulièrement les voûtes de la chapelle du Sacré-Cœur E3 , construite vers 1512, et de la chapelle Saint-Pierre et Saint-Paul
E4 achevée vers 1520. Aux ogives* s’ajoutent des tiercerons* et des liernes* qui dessinent, sur la surface de chacune de ces voûtes, un décor raffiné caractéristique de l’art flamboyant. Martin Chambiges meurt en 1532 et Jean Vast fils, François Mareschal ainsi que Michel de
Lalict, les maîtres maçons qui collaboraient à son œuvre, prennent la relève. Ainsi, le bras nord E5 est couvert en 1538 et le bras sud E6 voûté
en 1550. Mais ils prennent l’initiative, dès 1534, d’ériger une tour lanterne qui remet en cause le fragile équilibre auquel était parvenu Chambiges. Impossible en effet que le chœur et le transept, qui auraient dû s’appuyer sur une nef, supportent une telle charge. Cette tour, terminée en 1569, était haute de 80 m au-dessus du transept qui
mesurait lui-même 60 m. Elle s’effondre en 1573, détruisant au passage deux piliers du XIIIe siècle. Les parties endommagées sont aussitôt réparées comme l’indiquent les dates inscrites sur les voûtes de part et d’autre de la croisée* du transept : 1577 et 1578. En 1600, le maître maçon Martin Candelot est chargé d’édifier la nef F dont la 1ère travée* F1 est terminée en 1604. Néanmoins, faute de fonds, le projet est
abandonné et la cathédrale Saint-Pierre ne fut jamais terminée. Cet inachèvement étant à l’origine de son instabilité, ses structures doivent
être régulièrement entretenues et consolidées.
Expression architecturale de la puissance de l’évêque, elle se doit de dépasser les autres cathédrales aux alentours : Amiens, Rouen, Senlis ou encore Paris. Elle reste aujourd’hui l’édifice gothique le plus haut du monde.
Retrouvez le focus réalisé par la mission Ville d’Art et d’Histoire de la Ville de Beauvais.